Du bac au boulot : l’apprentissage de l’autonomie, 2. Les années Fac.

Je me suis réinscrit en fac d’histoire, à Aix en Provence. La première année va être assez dure, je n’ai pas pu avoir ce que je voulais et je vais être obligé de suivre des cours d’histoire de l’art (berk – sauf histoire de l’art médiévale). J’essaie de suivre du mieux que je peux, je ne comprends pas tout, mais je ne veux pas échouer.

 

J’arrive à avoir toutes mes unités de valeur en histoire, dont les deux tiers de manière inespérée. C’est cette réussite qui va conditionner le reste : je sais désormais ce que signifie réussir.

 

Les deux années suivantes vont être un long fleuve tranquille. Je m’éclate en géographie urbaine, en géographie physique (un de mes grands regrets – ne pas avoir continué dans cette voie), en histoire médiévale, j’apprends le roumain (ou du moins je rencontre un prof passionné Valeriu Rusu), je fais de l’histoire religieuse, de l’histoire des empires et de la naissance des nations à l’époque contemporaine(ottoman et espagne) avec Robert Ilbert, un prof qui me fait comprendre l’importance de la tessiture et de la sonorité de la voix dans le face à face pédagogique. Je vais en bibliothèque universitaire et j’apprends le travail étudiant.

 

Je découvre les premières bases de données informatiques (alors que j’ai compris que bien plus tard les catalogues manuels) et les premiers CDROM et les premières oeuvres numérisées.

 

J’apprends à apprendre et j’apprends à aimer apprendre.

 

Je vais faire mon mémoire de maîtrise sur « Saint Bernard et l’amitié » avec Monsieur Charles de La Roncière, un prof attachant, mais qui ne m’a pas trop suivi.

 

Des grands moments :

jouer aux échecs à la BU en même temps que je lis des articles de Dom Jean Lefevre ;

passer des journées à la bibliothèque diocésaine sur les traductions de Dom Mabillon à prendre des notes dans le recueil de lettres bernardin ;

rencontrer des étudiants italiens avec qui on va partager une bonne partie de l’année, des choses exceptionnelles (Cecilia, Claudia, si un jour vous passez par là !) ;

participer à un colloque avec Georges Duby comme intervenant ;

faire ma première carte mentale, 16 pages A4 collées ensemble, pour y voir clair dans les relations qu’entretient Bernard de Clairvaux avec ses contemporains.

 

Je vais passer une semaine à l’abbaye de Citeaux avec les moines. Je suis tous les offices pour m’imprégner du rythme particulier de la vie monastique. J’ai accès à la bibliothèque cistercienne et je découvre pour la première fois des outils documentaires particulier comme ce word in context des oeuvres de Saint Bernard. J’ai l’impression de vivre une aventure qui m’émerveille chaque jour.

 

Vient le temps de l’écriture. Pendant deux mois, en plein été, j’écris mon mémoire. C’est la période la plus dure. Je n’ai jamais écris de document aussi ambitieux. En fac, quelques rares dossiers d’une dizaine de pages et encore. Ecrire un rapport ne s’improvise pas.

 

C’est cette année que j’apprends à me servir d’un traitement de texte (d’abord un mac et puis rapidement un PC). J’ai même tapé en word 5 (sans window et directement en DOS). J’apprends quelques rudiment de DOS, oublié depuis mais qui me permet aujourd’hui de savoir ce qu’il y a dans la boite.

 

Bon, je suis conscient d’être passé largement à côté du sujet, il s’agit, à peine, d’une compilation, rien de réellement problématisé et rien de créatif non plus. Là aussi je mesure la chance de nos élèves d’aujourd’hui de se coltiner avec les TPE et la problématique. Neanmoins, je suis allé au bout de mes capacités de l’époque.

 

Je sais aussi avoir acquis des bases sûre en recherche documentaire mais aussi et surtout en fonctionnement relationnel. Tout ce qui se fait aujourd’hui en webservices de réseaux sociaux a été théorisé par Platon, Aristote, Saint Augustin et Cicéron et a été appliqué par les moines du Moyen Âge avant que les marchands ne reprennent à leur profit les sommes engrangées depuis des siècles dans les monastères sur ce sujet. Rien de nouveau et certainement pas les lois de Metcalfe, Odlyzko ou Reed.

 

J’arrête là mes études sur une réussite, pas celle d’avoir réussi un bon mémoire, mais avec une mention bien quand même ; celle d’avoir réussi mon cursus, en 4 ans, sans redoublement et avec des notes plus que honorable dans bien des matières. Je suis fier de moi.

 

Viens le temps terrible de chercher du travail.


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